Principes de la médecine chinoise
La médecine chinoise considère l'Homme en bonne santé comme équilibré (pingren 平人). Ainsi on peut considérer la maladie comme une perte d'équilibre qui s'opère dans le corps. Cet équilibre, à l'image d'une balance, se fait entre le Yin et le Yang, et l'excès et la déficience. Au travers du diagnostic, le praticien va estimer le déséquilibre, la localisation et le mécanisme pathologique pour expliquer les symptômes et la maladie. Il choisira ensuite un principe de traitement et la méthode de traitement la plus adaptée afin de rétablir l'équilibre.
L'acupuncture
L'acupuncture est probablement la méthode thérapeutique de la médecine chinoise la plus connue en occident. Elle consiste en l’insertion d’aiguilles dans des localisations spécifiques le long de trajets de circulation que l'on nomme méridiens (ou canaux), en vue de restaurer la circulation sur ces méridiens, et de stimuler ou de restaurer la fonctions des organes du corps.
Depuis les années 2000, elle connait un essor important en Europe, notamment par l'arrivée de nouveaux styles d'acupuncture, comme l'acupuncture Tung, Tan Wu Bian, SaAm, Mukaino, etc.
La moxibustion
Les textes anciens de médecine chinoise ne dissocient pas l'acupuncture et la moxibustion. Et encore de nos jours, en chinois moderne, on parle d'acupuncture-moxibustion (zhenjiu 针灸).
La moxibustion est une technique de calorification des méridiens et des points d'acupuncture par la combustion d'armoise (dans sa façon traditionnelle), de mélange de plantes, ou de charbon. Cette méthode de calorification peut se faire avec des rouleaux d'armoise que l'on approche de la peau, en fixant le moxa sur l'aiguille, en plaçant un moxa sur un substrat (argile, gingembre, gros sel, etc.) ou directement sur la peau.
Cette méthode permet essentiellement de réchauffer le Yang, chasser le froid, et faire circuler le Qi.
La pharmacopée
Les produits médicinaux ont été utilisés depuis des millénaires par les chinois. Le premier ouvrage médical chinois à avoir compilé les connaissances pharmacologiques anciennes est le Shen Nong Ben Cao Jing 神农本草经 (Classique de la matière médicale de Shen Nong), qui daterait de la période des Royaumes Combattants (475 av.J.-C. - 221 av. J.-C.). Cet ouvrage contient 365 produits et présente déjà leurs caractéristiques essentielles. Au fil des siècles, les connaissances des produits médicinaux se sont largement enrichis, au point que la dernière matière médicale, éditée en 2002 par le département de la santé chinois, contient environ 9000 produits médicinaux.
Du coté de la clinique, les prescriptions sont essentiellement composées de produits végétaux et rarement de produits animaux ou minéraux. Chaque prescription est parfaitement adaptée à la situation actuelle du patient pour éviter tout effet secondaire. Les prescriptions comprennent en général entre 5 et 15 produits, et sont préparées par décoction ou infusion. Le patient boit ensuite cette préparation 2 à 3 fois par jour, sur une période donnée.
Le tuina
Le Tuina est la branche manuelle de la médecine chinoise. Il est composé de trois grandes catégories : 1- Le An Mo ou massage des méridiens et points d’acupuncture. 2- Le Ban Fa ou méthodes d’étirements. 3- Le Dong Fa ou méthodes de mobilisations articulaires. Durant une séance, on utilisera facilement plusieurs de ces méthodes.
Dans le massage (An Mo), on retrouve différentes techniques manuelles, comme les techniques de roulement, de saisie, de pression, de pétrissage, de frottement, de percussion, etc.
Les méthodes d'étirements (Ban Fa) consiste à assouplir les muscles et relâcher les spasmes pour augmenter le degré de mobilité des articulations et soulager les douleurs.
Les méthodes de mobilisations articulaires (Dong Fa) permettent de ramener les articulations dans leur axe de fonctionnement normal.
La diététique
La diététique chinoise est utilisée depuis des siècles en Chine. C’est avant tout une méthode de prévention des maladies, mais peut également être utilisée de façon curative, en parallèle aux autres méthodes thérapeutiques. Elle repose sur les mêmes principes que l’acupuncture, la pharmacopée et le Tuina. Ainsi, après un diagnostic, le praticien donne des recommandations alimentaires selon la situation du patient.
Méthodes de traitement complémentaires :
Le Gua Sha
Bien que les écrits sur le Gua Sha ne sont apparus que tardivement dans l'histoire de la médecine chinoise (il y a environ 700 ans), on considère que la méthode du Gua Sha est très ancienne, même antérieure à l'acupuncture. Depuis lors, la transmission des techniques s'est faite essentiellement oralement, dans le cadre familial et médical, c'est pourquoi on considère le Gua Sha comme une méthode populaire.
Dans le terme Gua Sha 刮痧, Gua 刮 veut dire "gratter, racler" et Sha 痧 renvoi aux petits points rouge qui sortent des couches superficielles ou profonde de la peau lors du grattage. Cette méthode consiste donc à gratter la peau avec une palette, le plus souvent en corne ou sabot de vache, parfois en pierre ou en métal, afin de stimuler le Qi défensif, de faire sortir les facteurs pathogènes et de restaurer la circulation du Qi et du sang.
Le Gua Sha peut s'utiliser pour beaucoup de problèmes aigus ou chroniques. On l'utilise de nos jours principalement pour traiter la douleur, les refroidissements, les céphalées et migraines, mais on peut également utiliser le Gua Sha dans des situations plus sévère et chronique, comme pour les hépatites, la fibromyalgie, l'algodystrophie, les kystes, etc.
Tout comme les ventouses, le Gua Sha produit des pétéchies ou des petits hématomes sur la peau qui partent généralement dans les 3 à 5 jours qui suivent la séance. Ces marques, bien que peu esthétiques, sont nécessaire au traitement, car elles signent la sortie du facteur pathogène.
Les ventouses
Les ventouses sont une méthode de traitement simple et efficace, qui consiste en l'application de cloche de verre ou de plastique, de morceau de bambou, ou de corne d'animaux sur la peau par un effet de succion.
C'est une méthode très ancienne, dont on retrouve déjà les traces de son utilisation durant l'Antiquité en Égypte puis en Grèce et en Chine. Elle a été aussi couramment utilisée en médecine occidentale jusque dans les années 50, puis suite à l'arrivée des antibiotiques et peut-être par le manque d'étude sérieuse sur le sujet, elle est peu à peu tombée dans l'oubli. Elle retrouve toutefois un peu d’essor en occident par l'utilisation qu'en font certains sportifs très exposés médiatiquement.
Les ventouses restent néanmoins très efficace et sont toujours utilisées de nos jours en médecine chinoise. On y a recours pour des maladies aigües (refroidissements, rhume, bronchite, asthme, douleurs musculaires, etc.), mais également pour les maladies chroniques (douleurs rhumatismales ou musculaires, troubles digestifs, migraines, etc.).